Ma demarche...
Mes cyanotypes ne commencent pas dans mon atelier. Ils prennent naissance au cours d’une balade, flânerie, randonnée ou d’un lieu impromptu ! C’est toujours une rencontre entre un regard et un appel d’un élément naturel ou d’un objet. La simple inclinaison d’une tige, des pétales au vent, des akènes qui virevoltent et voilà…l’invitation à la création est lancée. D’un endroit inattendu peut murmurer l’appel d’un objet : depuis les branches décorées d’un sapin de Noël, sur l’étagère d’une bibliothèque, le buffet d’un salon. Les sens sont en éveil, un nouveau regard se pose sur le monde alentour ; Qui m’appelle et que je n’ai encore su voir ? Alors, je me tiens toujours prête, ma serpette achetée à Valloire est toujours à portée de main, pliée dans mon sac qu’il soit à dos ou main ! Un coup de frein, un arrêt sur le bas-côté de la route qui relie mon école à la maison, je m’arrête car une brassée de cirses des champs m’a fait de l’œil !
Une fois mes amis collectés, rassemblés, triés, séchés, rangés, je dois les écouter, les laisser me parler. Mes mains s’agitent, les ordonnent, les placent, les déplacent à nouveau, il faut faire vite, la solution imprègne le papier, les éléments se superposent, s’entrelacent ou souhaitent rester seuls, isolés au milieu du papier, et déjà l’appel ne devient plus qu’un murmure. Parfois, ma main reste en l’air, ceux qui m’avaient tant appelée, se sont tus. Déception. Ils retournent, à regret, dans leur boîte ou leur sachet, ou restent à ma vue, espérant qu’ils me susurrent leur chanson à nouveau. Puis vient l’exposition au grand jour ! Sous les rayons du soleil ou les UV de l’atelier, tout disparait, devient couleur kaki, le doute s’installe, l’impatience prend place. Encore quelques minutes ou quelques heures…vient alors l’heure du grand bain ! C’est au fond de la cuve, sous la clarté de l’eau qui se teinte doucement de jaune, que le papier se dépouille de sa chimie et, la révélation apparait doucement. Un joli bleu prusse se montre enfin et de délicats contrastes font jour. Encore un peu de patience, le papier doit maintenant sécher et il faut attendre encore 24h pour que la magie infiltrée demeure pérenne ! Mais le cyanotype ne vous a pas encore tout révélé…penchez-vous, écoutez-le…il vous dit qu’il a un pouvoir : au fil du temps, il pourra retrouver sa jeunesse, son bleu de Prusse profond et envoûtant des premiers instants. Il lui suffira d’être plongé dans l’obscurité, le temps du tour d’une horloge, pour renaître à nouveau et laisser son charme opérer. jouter des lignes dans le corps du texte